Il faut revenir sur ces micro-évènements qui en disent long sur la qualité du débat politico-médiatique déraisonnant et qui montre combien la fièvre a gagné les cervelles. Ainsi deux gloires des médias ont l’honneur des unes françaises ces temps ci pour le vitriol qu’ils balancent avec constance dans la gueule de leurs interlocuteurs.
Ces deux atrabilaires engagés interprètent avec sérieux le rôle des personnages qu’ils se sont donnés, enfermés dans leurs petites névroses infantiles de castagneurs d’opérette et condamnés, de ce fait, à mettre en œuvre une partition irréversible : celle de la thymie passionnelle, une humeur de bretteurs de quartier qui cherchent les noises à ceux qui ne pensent pas comme eux. Deux petits foutriquets patentés se prenant à leur jeu de rôle, rôlistes invétérés et vindicatifs comme des animaux de zoo qu’on viendrait observer parce qu’on sait qu’il va se passer quelque chose : quelqu’un va se faire happer et dévorer tout cru, restons là, il va y avoir du sport. Ils se sont installés l’un et l’autre dans la peau de dézingueurs du patrimoine et de crétins gueulards, les 2 critiquant sans ménagement le tout venant de la politique, des lettres, du spectacle, intervenant sur tous les sujets et on pourrait ajouter à tort et à travers. Soit, c’est un concept…
A ma droite, propos de sabreur triste et affligeant qui semble posséder des chromosomes en surnombre, cloporte anthropomorphe et savant mais possédant quoi qu’il en pense plus de bravoure que d’intelligence, Zemmour le refoulé. Un paléo-conservateur qui ne privilégierait de son cerveau triunique que le cerveau primitif, celui qui lui donne cet aspect de petit batracien un peu pesant. N’est pas Maurras qui veut.
A ma gauche, saillies de bobo-cancre à la mode Canal branché, bac moins 2 en poche, (peut on y voir le complexe du sous doué ?),très suffisant dans sa morgue d’analphabète et sa détestation des gens bien éduqués, humoriste arbitraire autoproclamé mais surestimé, condamné à ébranler les oreilles pour se faire un nom, confondant avoir de l’esprit et vociférer des insultes, Guillon l’exalté. N’est pas Bedos qui veut.
On appelle cela au choix des chroniques, des éditoriaux, des points de vue, des caricatures. Peu importe l’étiquette. En réalité dans les 2 cas, des approximations qui puent le souffre, des pets de nonnes dont on devrait se tamponner le coquillard mais dont tout le monde parle. L’un n’est pas très pertinent, l’autre n’est pas très drôle.
Dans un de ses films, Woody Allen s’interrogeait sur les personnages surévalués de notre histoire : il se demandait s’il faudrait y mettre Mozart. On peut oser lui répondre que non. Mais s’il fallait ériger un panthéon des spadassins surévalués, il ne faudrait pas se priver d’y placer nos amis Zemmour et Guillon.
Il y a un coté pompes irakiennes dans la manière dont ces 2 lanceurs de groles sales sévissent sur les ondes et les antennes : balancer des immondices et des saloperies sur la gueule de gens plutôt en vue ou qui ne partagent pas vos opinions, ou proférer des insanités tellement énormes qu’on est sûr qu’elles feront mouche, et au pire un tour au zapping. Il ne s’agit pas d’interdire les caricatures, la liberté d’expression, le droit à la critique ou même la provocation, au contraire. Non, il s’agit juste de savoir pourquoi un humoriste n’est pas drôle et pourquoi un polémiste dit des conneries.
Rigueur, pertinence, nuance, drôlerie ? Rien de tout cela. Tout se passe comme si dans l’écume produite par leurs cascades de phrases plus ou moins violentes, ne transparaissait qu’une volonté de provocation pauvre dont on sait que lorsqu’elle est travaillée et désirée, elle n’a pas grand intérêt…..Brecht disait que la provocation était une façon de remettre la réalité sur ses pieds, mais quelle est la réalité lorsqu’on défend des thèses fausses ou approximatives, ordurières ou diffamantes.
Pourquoi ces chroniqueurs sont ils si redoutés ? Parce que personne au sens propre comme au figuré n’a encore eu le courage de leur voler dans les plumes. Que les médias audiovisuels soient devenus le refuge des imposteurs n’est pas devenu subitement une nouveauté. Le moins que l’on puisse dire est que ces deux épigones vaniteux (de Maurras pour l’un, de Bedos pour l’autre) n’évoluent pas dans un univers en pleins et en déliés. Là on est dans le lourd, le brutal, l’affrontement.
Les médias bâtissent des panthéons improbables, fabriquent des réputations indues et élèvent de fausses valeurs sans qu’on leur demande des comptes. Il ne faut pas s’étonner dés lors des retours de bâton.
Bernard Briançon
mercredi 31 mars 2010
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